Droits et Devoirs

Il est des termes qui ne peuvent être pensées qu'en recourant à un effort d’abstraction. Aussi nous ne pensons à l’extérieur qu’à l’abstrayant intellectuellement de l’idée d’intérieur ; de même la longueur ne se conçoit qu’abstraitement par rapport à la largeur dans la mesure où il n’y a pas de longueur sans largeur, tout comme il n’y a pas d’intérieur sans extérieur. Et si nous concevons un des termes indépendant de l’autre ce n’est que par un effort intellectuel d’abstraction. En va-t-il de même avec les notions de Droits et de Devoirs ? On pourrait légitimement le penser, tant les politiques actuelles ne semblent pas concevoir le Droit sans son envers supposé, le Devoir. Ainsi, pour ces politiques souvent conservatrices, réactionnaires et paradoxalement libérales, nous n’avons des droits que parce que d’abord nous avons aussi des devoirs. C'est ici une antienne que l'on entend et depuis longtemps, dans la parole politique.

Le Droit est l'ensemble des lois qui donnent forme à un Etat. Le Droit est tout autant permissif qu'il est coercitif. Le Droit dit en même temps ce à quoi l'on peut légalement prétendre dans un Etat donné et selon certains critères établis, comme l'assurance chômage, l'aide aux plus démunies, le libre choix de l'orientation sexuelle etc. ; et ce que l'on ne peut légalement pas outrepasser. Avoir des droits c'est aussi avoir des contraintes par la loi. Il n'est donc nullement besoin de faire intervenir la notion de Devoir dans le cadre du Droit.

Car en effet le Devoir n'a rien à voir avec la politique c'est à dire la gestion de la polis ou de la cité ; le Devoir relève de la morale et non du politique. On ne peut donc, sans commettre un contre sens, faire dépendre les Droits des Devoirs dans la mesure où Droits et Devoirs différent en nature, le Droit renvoie à la sphère du politique, le Devoir à la sphère morale. Si le Droit peut s'inspirer du Devoir, le Devoir ne peut être la condition du Droit.

L'histoire nous montre que le Devoir peut faire évoluer le Droit, lorsque le Droit contredit le Devoir. Le Devoir par exemple peut exiger l'égalité des Droits lorsque cette égalité n'est pas établie par et dans la loi comme il est le cas dans les régimes ségrégationnistes ou d'apartheid. C'est alors au nom du Devoir que l'on s'oppose au Droit pour le faire tendre vers un idéal de justice. En revanche, un Etat qui ramène le Devoir dans le Cercle du Droit, devient un Etat totalitaire dans la mesure où il exerce son pouvoir non seulement sur le corps de ces sujets mais aussi sur leur conscience morale. Se soumettre à un Etat de Droit, c'est renoncer à son droit naturel infinie sur toute chose, et de ce renoncement nous gagnons la sécurité garantie par le Droit. Mais ramener le Devoir au politique annihile nos consciences, nous sépare de nous mêmes et nous soumets corps et âmes au pouvoir politique.

Méthode analytique, méthode synthétique. La connaissance des causes et des effets.

Dans la recherche de la vérité, nous distinguerons deux méthodes : la méthode analytique et la méthode synthétique. L'une -la méthode analytique- consistera à connaitre la cause par la connaissance des effets ; l'autre -le méthode synthétique- consistera à connaitre la cause afin de connaitre les effets. Des deux méthodes, la méthode analytique semble la plus parfaite dans la recherche de la vérité.

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L’ennui chez Pascal et Heidegger, de l’impossibilité du bonheur à la possibilité du monde.

Il est des jours où n’ayant rien à faire nous nous ennuyons ; réduit à notre impuissance par des causes extérieures et factuelles, nous nous ennuyons. Ces mauvaises conditions météorologiques qui interdisent cette balade projetée de longue date, ce train qui ne vient pas et qui m’assigne à mon impuissance sur ce quai de gare, sont pour moi autant de causes d’ennui. Mais à la balade, il est toujours possible de substituer une autre activité ; dans l’interminable attente, nous comblons la vacuité par quelques pensées, lectures ou discutions. De même que la vacuité et l’empêchement sont ennuis et causes d’ennui, il arrive aussi que l’on s’ennuie d’activités dont les nécessités s’accordent mal à nos désirs. L’impératif du repas familial ou la soirée mondaine à laquelle nous sommes invités en sont des exemples. Aussi par défaut (l’événement impromptu qui nous tombe dessus empêchant la réalisation de nos désirs) ou par excès (l’impératif qui ne s’accorde pas à nos désirs mais auquel on choisit délibérément de se soumettre), il arrive que l’on s’ennui.

Dans les chapitres II et III de la première partie des Concepts fondamentaux de la métaphysique, ces deux formes d’ennuis, Heidegger les détermine respectivement comme « être ennuyé par » et « s’ennuyer à ». Nous essayerons alors dans un dernier temps d’en dégager les caractéristiques essentielles afin d’aménager une ouverture possible à l’ennui profond que nous allons aborder ici chez Pascal et que Heidegger détermine sous la forme d’un « cela vous ennui ».

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Nature-Culture, Le différend.

Retour aux choses mêmes. A la fin de son allocution au banquet Nobel, saint John Perse s’interrogeait : « Face à l’énergie atomique, la lampe d’argile du poète suffira-t-elle à éclairer son propos ? Oui si d’argile se souvient l’homme. Et c’est bien assez pour le poète d’être la mauvaise conscience de son temps. » A notre tour nous nous interrogeons : « Un tel retour est-il encore possible pour nous aujourd’hui ? »

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Le faux comme principe de l'évolution des espèces.

La nouveauté, c’est-à-dire la différence, ce qui ne porte pas le signe des valeurs partagées, l’excentrique ou le singulier est au principe de l’évolution des espèces. Et si la norme dit le vrai, ce qui en diffère, c’est à dire le faux, constituera la base de la théorie cohérente de l’évolution des espèces chez Darwin.

Texte paru dans le #2 des Cahiers d'Adèle (Le Faux)

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Services publics.

Un service public de qualité est toujours rentable sur le long terme et en différé, il produit une population instruite, en bonne santé physique et mentale, satisfaite de la situation dans laquelle elle se trouve. Il doit créer des désirs d'existence et donner les moyens de les réaliser ; ce qui est pour un Etat, la plus grande des richesses. Sacrifier le service public c'est sacrifier l'Etat et son Peuple au nom d'intérêts économiques, industriels et financiers mortifères.

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L'école de la confiance.

L'égalité des chances dans la "startup nation" de Macron consiste à sacrifier l'école pour donner sa chance à un mec comme Benalla dénué de tout scrupule et de toute moralité. (Même dans l'application de son idéologie, il foire). L'école doit rester le plus sûr moyen de s'élever dans la société pour tous ceux qui le souhaitent et sans discrimination, car elle reste, contre tout arbitraire et copinage, le moyen le plus juste.

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Vote et démocratie au regard de l'arme absolue de la dissuasion politique.

Le vote par lui-même ne fait pas d'un système politique une démocratie pour un raison essentielle tout d'abord. Le vote définit la démocratie comme représentative or celle-ci demeure une démocratie imparfaite par essence au regard de l'idéal démocratique qui se conçoit à partir de la démocratie participative. Une démocratie n'est réellement démocratique que lorsque elle est de façon permanente et à tout niveau, participative mais cet idéal démocratique est difficile voire impossible à réaliser. Ce n'est que par sa composante délibérative qu'une démocratie devient réellement démocratique. Or ce combat qu'incarne la délibération nous a été par deux fois confisqué en 2002 et 2017. C'est là et par accident que pour une seconde raison, le vote ne fait plus d'un système politique une démocratie...

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Le bonheur, un idéal de l'imagination

Qu'est ce que le bonheur ? La question n'a cessé de traverser toute l'histoire de la philosophie depuis son origine grecque jusqu'à Kant qui considérera à juste titre le bonheur comme un idéal de l'imagination. Que le bonheur en tant qu'état de satisfaction, de perfection et d'achèvement ne soit qu'un idéal accessible en droit mais inaccessible en fait, nous le comprenons grâce à la théorie de la structure du psychisme chez Freud. L'idée de bonheur naît du conflit entre pulsion de plaisir et interdiction morale, entre le "ça" et le "surmoi".

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Le temps, la conscience et ses états

L’attitude naturelle nous pousse à considérer le temps à partir des événements qui s’y déroulent, comme un cadre objectif, immuable et absolu, découpé en heures, minutes, secondes… Nous considérons faussement le temps comme quelque chose qui nous précède, quelque chose dans lequel nous naissons et nous mourrons, sans voir ni comprendre que nous sommes le temps ; que nous sommes ce sans quoi le temps n’existerait pas.

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Puissance et composition

Ce par quoi nous allons dans la joie en allant vers nous-mêmes dans le monde.
Dans un temps où nous sommes gouvernés par la peur, où la peur devient la pierre d'angle de tout pouvoir et de toute soumission, dans un temps où certains ont peur de l'étranger -de l'étrange étrangeté- et que d'autres ont peur de "la peur de l'étranger" ; Il est temps de regarder notre temps avec désir et joie, de quitter la peur pour l'aventure de l'existence-même qui passe nécessairement par la rencontre de l'autre, du tout autre dans lequel paradoxalement je me précède.

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Y a-t-il une vérité du sensible ?

En métaphysique comme en toute science est tenu pour vrai ce qui peut être démontré. Démontrer consiste à fonder l'apparence pour la connaitre avec certitude, ramener ce qui se montre à son fondement pour le connaitre certainement. Le fondement est ce qui rend raison d'une chose mais qui diffère en nature de ce dont il rend raison. Il est l'unité d'une multiplicité, la nécessité du contingent, l'être du devenir. Il est sans doute insuffisant de définir la vérité comme adaequatio rei et intellectus car cela suppose que nous possédions une précompréhension de l'objet qui puisse supporter l'épreuve de la conformité. C'est donc dans la pensée que se trouve le fondement de la vérité. Or le sensible nous met en rapport avec une extériorité toujours multiple, contingente et en devenir. De fait la vérité et le sensible s'excluent mutuellement. Certes il est possible d'affirmer que la sensation ne se trompe jamais dans la mesure où il est vrai que "je sens ce que je sens." Est-il alors possible de passer de la valeur existentielle de la sensation à une valeur épistémologique ; de la question du fait : "cela est" à la question de droit : "comment cela est" ? Autrement dit, de passer de la connaissance de l'effet senti à la connaissance adéquate de la cause ?

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