Toute génération est nécessairement spontanée, que cette dernière soit naturelle ou culturelle. Elle n’admet ni condition ni virtualité qu’elle ne ferait qu’actualiser.
Rien ne la présage, elle vient comme un imprévu, inouïe et inattendue, dans la série causale des événements déterminés : l’héritage de la génération antérieure n’est jamais totalement assumé, les attentes escomptées vis-à-vis de la génération à venir sont régulière- ment manquées. Toute génération est alors issue de la liberté comme capacité d’initier soi-même une nouvelle série causale.
Aussi la génération, si elle désigne le commun et l’identique, ne peut se penser qu’aux travers des traits de la singularité et de la différence. Sans doute, avant d’être un nom commun X ou Y, elle est d’abord un nom propre, le nom du premier, celui qui commence et qui gouverne, celui qui répète déjà toute la série. L’anormal qui transforme le normal, l’anomalie qui – à la lettre – transforme la loi, la « nomalité ». Il y a autre chose que de la reproduction. Chaque génération porte en elle ses icônes, ses vibrations et son aura. De la répétition du même surgissent la différence et la nouveauté : l’unique et paradoxalement l’immuable.
Générer consistera alors à inventer de nouvelles formes d’existences en faisant table rase du passé et en instaurant un nouvel ordre.
De ce point de vue toute génération est punk.