Il est des termes qui ne peuvent être pensées qu'en recourant à un effort d’abstraction. Aussi nous ne pensons à l’extérieur qu’à l’abstrayant intellectuellement de l’idée d’intérieur ; de même la longueur ne se conçoit qu’abstraitement par rapport à la largeur dans la mesure où il n’y a pas de longueur sans largeur, tout comme il n’y a pas d’intérieur sans extérieur. Et si nous concevons un des termes indépendant de l’autre ce n’est que par un effort intellectuel d’abstraction. En va-t-il de même avec les notions de Droits et de Devoirs ? On pourrait légitimement le penser, tant les politiques actuelles ne semblent pas concevoir le Droit sans son envers supposé, le Devoir. Ainsi, pour ces politiques souvent conservatrices, réactionnaires et paradoxalement libérales, nous n’avons des droits que parce que d’abord nous avons aussi des devoirs. C'est ici une antienne que l'on entend et depuis longtemps, dans la parole politique.
Politique
Vote et démocratie au regard de l'arme absolue de la dissuasion politique.
Le vote par lui-même ne fait pas d'un système politique une démocratie pour un raison essentielle tout d'abord. Le vote définit la démocratie comme représentative or celle-ci demeure une démocratie imparfaite par essence au regard de l'idéal démocratique qui se conçoit à partir de la démocratie participative. Une démocratie n'est réellement démocratique que lorsque elle est de façon permanente et à tout niveau, participative mais cet idéal démocratique est difficile voire impossible à réaliser. Ce n'est que par sa composante délibérative qu'une démocratie devient réellement démocratique. Or ce combat qu'incarne la délibération nous a été par deux fois confisqué en 2002 et 2017. C'est là et par accident que pour une seconde raison, le vote ne fait plus d'un système politique une démocratie...
La fin de la propriété privée.
De la propriété privée nait le capitalisme. La fin de la propriété privée suffirait-elle à nous en libérer ?
Pourquoi il n'y aura plus de Mai 68 ?
Parce que Mai 68 n'a pas eu lieu, il n'y aura plus de Mai 68.
Mémoire et conscience.
Du souhait de notre président Sarkozy de faire porter sur la conscience de tous les enfants la mort d’un enfant déporté, il n’est même pas question de parler ni de débattre. On discute le prix d’un cheval alors que c’est une poule qu’on veut nous vendre. Car ce n’est pas de mémoire dont il s’agit mais d’aliénation. Et en appelant mémoire collective ce qui ne l’est pas, c’est le sens même de la culture, du monde et de la démocratie qui sont mis en péril. Il s’agit donc d’une aberration qui n’aurait jamais du être formulée.
Sur le discours de Sarkozy à Rome.
Dans son allocution à la salle de la signature du palais de Latran le 20 décembre dernier, Sarkozy entend réaffirmer le lien historique et structurel de la nation française à la religion chrétienne catholique. Petite explication de texte.
Légalité et légitimité.
Dans la médiocrité et l'immédiateté des analyses menées au sujet des violences urbaines, toutes les confusions ne sont pas acceptables. Qu'il y ait une haine sans médiation du policier, c'est incontestable mais tous les actes de révolte ne sont pas à mettre sous le même signe.
Oedipe, Kant, l'homme tragique.
La tragédie moderne illustrée par Oedipe incarne la condition et la situation de l'existence tragique de l'homme moderne. Kant en livrera la signification philosophique.
Politique et tragédie.
Que veut dire Platon lorsqu'il affirme dans Les Lois que le nomothête est le véritable tragédien ? En tant qu'elle relève de l'essence de la tragédie, l'activité politique est indissociable d'une certaine idée de la nature -valable encore pour nous aujourd'hui- et des notions de monde et de culture qui en sont issues.
La rivalité et la norme.
Il n'y a de rivalité que là où il y a une norme. La rivalité consistant alors à se faire attribuer par la violence les valeurs reconnues par la norme. La normalité est dès lors ce qui fonde et légitime toute idée du politique. En finir avec la norme, consistera par suite à passer de l'essence générique à l'essence singulière. Ce passage s'effectue exemplairement au moins deux fois dans l'histoire de la philosophie, avec Spinoza d'abord et d'une manière équivalente sur ce point, avec Heidegger en suite. Ce passage de l'essence générique à l'essence singulière, consistera à intérioriser le combat, le public devient privé. Et du politique nous passons à une autre forme d'agencement et de rivalité qui seront celles de la psychanalyse.
La démocratie en abrégé.
Aller hop hop hop au boulot...
La machine qui se mange elle-même.
Les élections présidentielles de 2002 ont vu la démocratie sortir de ces gonds ; le bug du nouveau millénaire qui n'a fait que se répéter depuis. La fin qui n'en finit pas de finir. "Fini, c'est fini, ça va finir, ça va peut-être finir." Beckett.
Le desespoir politique.
Le phantasme du désespoir politique entre sur la scène publique. Ce qui devait arriver arriva, et la démocratie -dont l'ombre seule planait encore après qu'elle fut confisquée par la présidentielle de 2002- s'en est allée.
Le bonheur.
Qu'est ce que le bonheur ? Un idéal. Peut-on y atteindre ? Oui, dans la mort. Telle est la dimension tragique de l'existence humaine que la notion de bonheur ne cesse de nous dévoiler. C'est pourquoi pour Aristote nous ne pouvons dire d'une vie qu'elle a été heureuse qu'une fois qu'elle est achevée, l'être d'une chose, comme d'une existence, ne se dévoile que dans son avoir été, ce que c'était que d'être pour la chose, nous dit ce qu'elle est. Mais n'y a-t-il de vie heureuse qu'achevée ? Pas nécessairement selon que l'on interprète différemment la dimension dans laquelle se joue le bonheur, la dimension de l'être mortel.
Par-delà bien et mal 2/2.
La négation du mal semble être un impératif pour la pensée dans l'ordre moral mais aussi dans l'ordre spéculatif de connaissance. Il était impréatif à Descartes, par exemple, de prouver l'existence d'un Dieu non trompeur -auteur de ma nature et des idées que j'ai- afin que la certitude subjective se meuve en une vérité objective. Cette négation du mal s'effectue sur deux plans : un plan objectif et un plan subjectif. Ainsi pour Socrate le Bien seul étant principe de l'être, le mal n'est pas objectivement. A cette négation s'ajoute la négation subjective consistant dans l'affirmation que "nul ne fait le mal volontairement". Il n'y a donc pas de volonté du mal, nul ne veut le mal. Le vouloir s'articule au bien. C'est le Bien que chacun veut dans ce qu'il veut. Ce bien qu'Aristote qualifie de suprême définit le bonheur. Or il se trouve que bonheur et vertu ne sont pas corrélés de façon nécessaire ou analytique. Cette disjonction constitue le véritable scandale de la raison pratique qui met en défaut la théorie tant épicurienne que stoïcienne. Ni le bonheur ne conduit à la vertu, ni la vertu ne conduit au bonheur. Le méchant n'est pas nécessairement malheureux, le vertueux n'est pas nécessairement heureux. Le mal ne peut donc être nié, d'où la tentative de "Théodicée" de Leibniz ou la "Critique de la raison pratique" où Kant prendra au sérieux cette disjonction entre bonheur et vertu.
Par-delà bien et mal 1/2.
S'il est aussi question du mal, il s'agirait avant tout d'en interroger la racine ou l'origine. Quelle est donc l'origine du mal ? Qu'est que le mal ? Toutes les philosophies morales, toutes les pensées qui se sont données pour objets les notions de bien et de mal ont consisté à nier l'existence du mal. Pour la morale le mal n'est pas. Cette volonté de nier le mal est étroitement corrélée aux pensées de la création. Dès lors que le monde est pensée à partir d'un principe rationnel, il est impossible de penser le mal comme étend issu de ce principe. Celui qui a voulu ce monde tel qu'il est, n'a pas voulu que ce monde soit mauvais. Un principe vicié ne peut pas être à l'origine de ce monde, sans quoi le monde y perd tout son sens, le monde dès lors n'est plus le lieu de l'action mais de la passion, nous n'avons plus à agir mais à subir, nous n'avons rien à connaître car rien n'assure cette adéquation que les scolastiques énoncent comme adequatio rei et intellectus, accord de la pensée et de la chose, dans ce principe suprêmement bon où la ratio essendi retrouve la ratio cognoscendi. C'est donc la question du mal qui conditionne toutes les autres questions. C'est à partir de la pensée du mal -première sur toute autre- que sont pensées le jugement, la morale, et in fine la question de Dieu. La question serait de savoir s'il est possible de penser un au-delà du bien et du mal afin de penser "par-delà bien et mal", c'est à dire de l'erreur de la morale et de Dieu afin d'échapper une bonne fois pour toute à toute emprises idéologiques ?
Travail et aliénation.
Nous avons vu dans le billet précédent une première forme d'aliénation du travail. Le savoir faire que recquiert le travail participe d'un processus d'individuation. Lorsque le travail ne requiert plus aucun savoir faire, il devient une forme d'esclavagisme dans la mesure où le travailleur n'accède plus à sa propre singularité. Dès lors que le monde du travail est en crise, il s'agit soit d'inventer des nouvelles formes d'individuation, soit de repenser le travail dans sa destination originelle bien que celle-ci puisse être remise en cause (voir le billet : "Travail et idéologie"). Pourtant il ne s'agit pas là de la forme spécifique de l'aliénation pensée par Marx.
Travail et individuation.
Toute question concernant le travail doit être raménée à son problème. Faute de quoi toute question de ce genre est frappée de vacuité. Le temps, le partage, ou l'abscence de travail ne sont pas des problèmes par eux-mêmes. Ils ne sont des problèmes que par rapport à ce dont la question du travail est issue : le problème de l'individuation. Si l'on veut faire du travail une question centrale, c'est la crise de l'individuation dans nos sociétés modernes qui devra être interrogée.
Le travail.
Puisque tel l'ouvrier sur son ouvrage, c'est en faisant des ronds dans l'eau, selon Sartres, que l'enfant prend conscience de lui-même, je fais moi aussi des cercles, et à propos du travail de surcroît. De la sorte le cercle est bouclé. Du travail, il en est question ces temps-ci et sur tous les fronts. Au cinéma avec le film de Pierre Carles, dans l'actualité politique avec le combat des coqs présidentiables, et ici donc, au bout du cercle. Suivez la ligne, elle tourne en rond.
L'objet de la culture.
Au XXI ème siècle les marchés et les flux financiers se sont substitués à l'art en tant que courant. L'objet disparait au profit de la valeur. Et avec la disparition de l'objet c'est la culture qui file au néant.