Le travail comme procès d’individuation médiatisé par la technique et le savoir faire est d’une inspiration platonicienne. Le processus d’aliénation marxien est d’inspiration hégélienne, qui pense le travail non pas tellement à partir de la technique mais de la propriété. C’est à partir de la notion de propriété qu’est pensé le processus d’individuation dans le travail chez Hegel.
Pour Locke dèjà c’est par le travail que naissait l’idée légitime de la propriété privée. La nature ayant été donnée aux hommes par Dieu, chaque homme est usufriutier de ce dont la communauté des hommes possède la nue proprité. Il n’y a donc pas originellement de propriétés privées qui soient légitimes. Mais dès lors que le travil augmente artificiellement les rendements de la production naturelle sur un territoire donné, ce territroire appartient légitiment à celui qui le travaille. Ainsi pour Locke travail et propriété sont deux notions intimement liées. Le travail est la source de la propriété privée.
Pour Hegel la propriété et le travail sont pour la liberté le moment de l’extériorité, sans laquelle la liberté resterait dépourvue de manifestation objective. S’extériorisant, la volonté libre se réifie et se reconnait dans le monde par la médiation de la propriété. Le produit du travail est ce qui est le plus propre au travailleur, ce par quoi la conscience passe de l’en soi au pour soi, se donne une réalité extérieure dans laquelle elle se reconnait en rendant conscient ses besoins et ses désirs propres.
Le processus d’aliénation chez Marx se joue sur la désappropriation de l’objet oeuvré. Lorsque les machines de productions et les outils n’appartiennent pas aux travailleurs, le produit du travail issu de ces machines ne leurs appartient plus. Il appartient à celui dont la machine est la propriété. Se trouvant ainsi dépossédé de son pouvrage, le travailleur se trouve par là même dépossédé d’une partie de lui-même. Il est donc aliéné. Puisque c’est par le produit du travail que le travailleur prend conscience de lui-même dans le monde. L’aliénation du travail chez Marx passe donc par la notion de propriété. Et c’est à partir de l’aliénation comme désappropriation de l’ouvrage, que sont pensés le capital, le capitalisme, le temps et la force de travail.