Le Droit est l'ensemble des lois qui donnent forme à un Etat. Le Droit est tout autant permissif qu'il est coercitif. Le Droit dit en même temps ce à quoi l'on peut légalement prétendre dans un Etat donné et selon certains critères établis, comme l'assurance chômage, l'aide aux plus démunies, le libre choix de l'orientation sexuelle etc. ; et ce que l'on ne peut légalement pas outrepasser. Avoir des droits c'est aussi avoir des contraintes par la loi. Il n'est donc nullement besoin de faire intervenir la notion de Devoir dans le cadre du Droit.
Car en effet le Devoir n'a rien à voir avec la politique c'est à dire la gestion de la polis ou de la cité ; le Devoir relève de la morale et non du politique. On ne peut donc, sans commettre un contre sens, faire dépendre les Droits des Devoirs dans la mesure où Droits et Devoirs différent en nature, le Droit renvoie à la sphère du politique, le Devoir à la sphère morale. Si le Droit peut s'inspirer du Devoir, le Devoir ne peut être la condition du Droit.
L'histoire nous montre que le Devoir peut faire évoluer le Droit, lorsque le Droit contredit le Devoir. Le Devoir par exemple peut exiger l'égalité des Droits lorsque cette égalité n'est pas établie par et dans la loi comme il est le cas dans les régimes ségrégationnistes ou d'apartheid. C'est alors au nom du Devoir que l'on s'oppose au Droit pour le faire tendre vers un idéal de justice. En revanche, un Etat qui ramène le Devoir dans le Cercle du Droit, devient un Etat totalitaire dans la mesure où il exerce son pouvoir non seulement sur le corps de ces sujets mais aussi sur leur conscience morale. Se soumettre à un Etat de Droit, c'est renoncer à son droit naturel infinie sur toute chose, et de ce renoncement nous gagnons la sécurité garantie par le Droit. Mais ramener le Devoir au politique annihile nos consciences, nous sépare de nous mêmes et nous soumets corps et âmes au pouvoir politique.