Il est des jours où n’ayant rien à faire nous nous ennuyons ; réduit à notre impuissance par des causes extérieures et factuelles, nous nous ennuyons. Ces mauvaises conditions météorologiques qui interdisent cette balade projetée de longue date, ce train qui ne vient pas et qui m’assigne à mon impuissance sur ce quai de gare, sont pour moi autant de causes d’ennui. Mais à la balade, il est toujours possible de substituer une autre activité ; dans l’interminable attente, nous comblons la vacuité par quelques pensées, lectures ou discutions. De même que la vacuité et l’empêchement sont ennuis et causes d’ennui, il arrive aussi que l’on s’ennuie d’activités dont les nécessités s’accordent mal à nos désirs. L’impératif du repas familial ou la soirée mondaine à laquelle nous sommes invités en sont des exemples. Aussi par défaut (l’événement impromptu qui nous tombe dessus empêchant la réalisation de nos désirs) ou par excès (l’impératif qui ne s’accorde pas à nos désirs mais auquel on choisit délibérément de se soumettre), il arrive que l’on s’ennui. Dans les chapitres II et III de la première partie des Concepts fondamentaux de la métaphysique, ces deux formes d’ennuis, Heidegger les détermine respectivement comme « être ennuyé par » et « s’ennuyer à ». Nous essayerons alors dans un dernier temps d’en dégager les caractéristiques essentielles afin d’aménager une ouverture possible à l’ennui profond que nous allons aborder ici chez Pascal et que Heidegger détermine sous la forme d’un « cela vous ennui ».
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