Un poème doit s’effondrer sur lui-même.
S’effondrer même sur lui-même.
Sans quoi il n’est pas poème.
Mais qu’est-ce que s’effondrer ? Une respiration qui ne revient pas comme un aller sans retour, dirait un peu sans dire assez ce qu’est s’effondrer. Mais il y a plus qu’une mort dans l’effondrement. D’abord l’effondrement du poème n’en finit pas de s’effondrer. La mort, elle, finie toujours par s’enterrer. Cesse alors -avec lui- l’effondrement.
Alors sans doute avant toute chose, le poème possède un centre de gravité qui n’est pas quelque chose de physique : ni de science ni de phusis. Un centre de gravitude, alors. Alors... Alors l’écriture doit être patiente. Patiente, elle est poème. Patiente même et attentive à elle-même -même qui n’est pas forme de ce qu’elle n’est pas elle-même, toujours déjà autre, toujours vivace dans son effondrement même.
Patiente attentive. Néant qui agence l’espace de la graphie. Amour de l’écriture qui jamais n’en finit de mourir avec moi. Lorsque mourir est vivre. Alors... alors le vivre est poème.
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extrait des Interjections, dans Suppôts et suppliciations :
...
Je je ferai encore et encore,
cet homme,
sur toi,
Antonin Artaud,
dit dieu,
le dieu universel des êtres,
toujours incorrigiblement immonde,
et toujours incorrigiblement là,
et qui vous dit :
Attrape, attrape,
tu ne m'as pas encore sorti de là,
je suis toujours là quoi que tu puisses faire,
tu ne m'as pas vaincu et j'ai ça :
caca, la crème de ton [...]
c'est moi qui bouffe le gâteau que tu fis miette à miette,
et j'ai fait un enfant de ça,
pour le mettre à ta place à toi,
peut-être un jour le boufferai-je aussi, à moins qu'il ne s'y prenne mieux que toi, et qu'il sache me mordre là où je mijote.
De quoi remplirai-je le néant ?
En attendant que le spectre plaqué sur moi et qui fond à chaque coup que je porte ait achevé de délirer.
"Batir une ruine, c'est prendre de l'avance sur la catastrophe." Extrait de mes notes préparatoires au soutien du projet "AZF mon amour" de Christophe Fiat en 2003 au CDC de Toulouse.
Ouais c'est trés beau.
"L'humanité erre sur ses ruines comme les singes sur les ruines des temples d'Angkor" Gérard Granel, Traditionis traditio. Car le risque est toujours couru d'effacer dans les sables de l'histoire les cercles qu'ont tracés les souffles de l'esprit. Pourtant aussi "du plus grand péril croît ce qui sauve", Hölderlin.
Alors comme un slogan convoquant le futur à sa propre responsabilité, Sid Vicious portait ce badge, comme une ruine à bâtir : "I'm a mess".