A l’immédiateté de la jouissance revendiquée et recherchée par le plaisir esthétique, il faut substituer l’inquiétude du désir. Si nous sommes dans une situation telle qu’aucun monde commun ne puisse plus advenir, il est encore possible par l’art que l’ouverture se fasse au sujet. L’oeuvre d’art qui sous l’analyse kantienne "donne à penser", doit ouvrir au sujet des possibilités de monde, des possiblités de vie, des manières de voir. A la réaction vaine et mortifaire du plaisir esthétique doivent répondre l’action et la création succitées par l’oeuvre. A la lettre une ouvre d’art doit nous faire sortir de nos gonds. Nous mener là où l’imagination seule ne nous aurait jamais mené, dans des territoires où des possiblités nouvelles affleurent aux désirs de faire. Bref l’art génère l’art en ouvrant les horizons du désirs.
3 commentaires
Adresse de rétrolien : https://lusinagaz.jeanmartialguilhem.com/index.php?trackback/145
je suis d'accord avec toi. l'art comme porte ouverte sur le champ des possibles dans la ligne infinie de l'horizon des désirs.
mais pourquoi dire "la réaction vaine et mortifère du plaisir esthétique" ? le plaisir n'est-il pas aussi le / un moyen d'accéder à l'art ? la contemplation, l'émotion transmise -je ne sais quelle expression serait plus juste...- bref, l'écho sensible d'une œuvre sur l'individu n'est-elle pas source de plaisir et donc source d'inspiration, de stimulation créatrice ?
Parce que le plaisir court le risque de la satisfaction qui arrète le mouvement du désir, il est quelque chose qui relève de la mort sous la forme nietzschéenne de la réaction. A la réaction du plaisir il faudrait trouver quelque chose qui relève de l'action. Ce ne sera donc ni le plaisir ni même quelque chose qui relèverait des concepts spinozistes de l'affection et de l'affect. Puisque le plaisir arraissonne à sa propre satisfaction le phénomène qui se donne. Ce quelque chose relèverait plutôt de l'inquiétude. Quelque chose se donne qui dépasse toutes mes anticipations, tout mon horizon affectif et conceptuel, quelque chose qui me jette hors de moi, dans la nouveauté radicale, irréductible. D'ailleurs nulle époque de l'art qui trace aussi les époques de l'humanité, ne nait de la satisfaction plaisante. C'est parce qu'on a rien compris aux fauves, qu'ils ont ouverts une nouvelle époque de l'être. Mais s'ils l'ont ouvertes ce n'est pas parce qu'elle était inscrite en eux de façon invisible et nouvelle mais parce qu'elle a appelé des répliques, qu'elle a ouvert les horizons d'une création nouvelles. Et s'il ne peut plus y avoir d'époque, alors lorsque je vois une oeuvre d'art je veux qu'en moi qui fait monde, des possibilités s'inscrivent contre toute satisfaction.
merci
En gros ce qui est imprtant ici c'est l'idée de nouveauté. Et le plaisir n'est jamais succité que par le toujours déjà connu. La nouveauté, c'est à dire la différence, ne succite jamais qu'une forme d'inquiétude. Et seule l'inquiétude peut créer du mouvement. Mais j'entends d'ici déjà ton désaccord.