N’est-ce pas dans la pratique même du sport, telle qu’elle fut depuis fort longtemps promulguée, qu’est inscrite la loi des non limites. Qu’admire-t-on dans le sport si ce n’est les performances et les héros qui les effectuent ? Toute performance n’est jamais que le fruit d’une certaine ruse plus rusée que les ruses antérieures, fruit d’une technique nouvelle prompte à la réaliser.
La ruse et la technique sont-elles aussi sans doute sujettes à l’admiration. Ruse et technique sont la même chose, la technique est une ruse de l’homme visant à déjouer les secrets de la nature, les ensorceller afin de les mettre à son profits ; ruser la nature pour lui faire faire ce qu’elle était incapable de faire par elle-même, d’elle-même. Telle est aussi la définition du sport, déjouer les limites naturelles par la ruse et l’invention technique : technique d’entrainement, technique de matériaux et d’aérodynamisme...
En quoi dès lors la chimie n’est-elle pas une ruse de l’homme visant à déjouer les limites naturelles ? Au nom de quoi la performance devient-elle impropre, impure dès lors qu’elle est chimiquement assistée ? Puisqu’il y va dans ces pratiques sportives de l’essence même de la sportivité. Le dopage n’est au fond qu’un attribut du sport, attribut essentiel il s’entend. Dénoncer le dopage, c’est dans une certaine mesure dénoncer le sport lui-même, et au-delà, dénoncer notre époque moderne commencée avec les grecs, fondée sur la technique et la performance.
Dira-t-on qu’elles mettent l’homme qui s’y adonne en danger. Peut-être, mais là encore il y va de l’essence même du sport inscrite dans le risque et le danger.
Pourquoi encore veut-on faire du cyclisme le lieu-tenant de l’angélisme sportif ? alors même que partout où la performance est recquise, tous ferment les yeux sur les ruses mises en pratiques pour les réaliser ?