L’idée de démocratie participative recèle deux difficultés corrélées. La seconde découlant de la première.
Tout d’abord le modèle participatif suppose que l’individu social exprime dans sa personne la volonté générale. Le général transcende par conséquent le particulier et le gouverne. Dans une démocratie participative donc, la pluralité des points de vue doit converger comme l’expression d’une seule voix, celle de l’esprit d’un peuple.
Si cette voix "une" -unique et identitaire- n’est pas obtenue dans l’efficience des expressions singulières -ce qui est précisément la seconde difficulté d’une démocratie participative- il faut parier sur la puissance du suprême, l’état et son repressentant suprême : le chef d’état. Celui-ci joue alors le rôle de la voix unique, conciliateur des différences, l’instance transcendante voire -pire- transcendantale, qui juge avant même toute participation réelle. Il y a donc contradiction inhérente au voeu d’une démocratie participative. Contradiction qui fait basculer inévitablement la démocratie en une démagogie.
Alors biensûr -d’un bien dont la sureté n’est pas encore ici acquise- à l’idée d’un démocratie participative, il faut -comme d’une injonction- préférer l’idée d’une DEMOCRATIE DELIBERATIVE.
En bref, Ségo c’est du pipo(t).

Mais pour préciser un peu, la difficulté corrélative à la non contradiction du particulier et du général exigée par la démocratie participative, consiste dans la contradiction interne à la démocratie qu’elle génère. Une démocratie n’a-t-elle pas en effet vocation à faire tenir assemble une multitude de différence, concilier l’inconciliable, rendre homogène l’hétérogène ? L’idée de démocratie participative suppose cette unité comme toujours déjà donnée en chaque individu de manière innée ou de manière acquise. Dès lors elle ne peut réellement se donner les moyens de penser la différence autrement qu’en la subsumant dans la figure de l’Etat. Par quoi en appeler à l’idée de démocratie participative n’est qu’un acte de séduction dépourvu de sens.
Par opposition l’idée de démocratie délibérative offre la véritable figure de la démocratie dans la mesure où elle est seule en mesure de prendre en compte les différences et divergences des points de vue. Ceux-ci se réconciliant alors dans le combat "père de toute chose" disait Héraclite -combat symbolique du débat- consistant non en l’anéantissement d’une des parties combattante en présence au profit de l’autre, mais dans le dépassement des combattants dans un troisième terme issu du combat lui-même permettant la conciliation des opposés.
L’Etat n’a alors d’autre rôle que l’organisation des lieux de combat se déroulant sans lui voire contre lui. Le combat est l’acte libre de la société civile qui affole donc la machine d’état. Celle-ci aveugle alors la société civile en substituant au combat démocratique de la délibération, la vacuité de la démocratie participative, tel que semble le faire madame Royal.