Il n’y a pas de définition univoque de la démocratie car il existe des tensions internes entre différents modèles de démocratie. Cependant, prise dans une unité définitionnelle abstraite, elle s’oppose à toutes autres formes de régimes en tant qu’elle est le seul régime autonome. Tout autre régime étant frappé du caractère d’hétéronomie, dans la mesure où le pouvoir est détenu par une instante transcendante qui gouverne les gouvernés.
Un tel idéal d’autonomie peut-il être réalisé ? Laquelle des trois formes de démocratie est-elle la plus à même de réaliser cet idéal ?

Le modèle participatif :
Ce modèle spécifie la participation des citoyens à la chose publique. C’est le modèle de la démocratie antique caractérisée par la liberté publique et l’égalité des citoyens qui participe à la chose publique. C’est le modèle qui sera repris par Rousseau et par les communautariens modernes, dont Walzer, Sandel, Taylor et Mac Inctyre. Le souverain est le peuple lui-même qui s’affranchit de tout représentant. Le peuple en corps légifère sur ses propres intérêts. La loi est par conséquent l’expression de la volonté générale. Dès lors l’individu est moralement indissociable de la totalité du peuple constitué en corps. L’individu est l’expression du général et le général, l’expression du particulier. De même, le corps singulier est identifié au corps publique. L’expression du général est une conscience morale présente en chacun.
Le pressuposé implicite du modèle participatif consiste dans cette identité de la volonté individuelle et de la volonté générale. Mais cet aussi sa faiblesse, son idéal irréalisable, sa part d’idéologie qui rencontre nécessairement certaines contraintes. La taille de la communauté devient un problème pour l’homogénité morale et légale, à moins de croire à l’instar de Rousseau à une universalité morale à partir de laquelle la légalité de la société peut être par tous et d’une seule voix, approuvée.
Mais sans doute, la principale difficulté de la démocratie participative, réside-t-elle dans le fait que le modèle participatif s’oppose à l’idée même de démocratie. Dans la mesure où la démocratie vise à protéger voire cultiver le pluralisme des valeurs sous l’unité d’une communauté, la démocratie participative en tant qu’elle suppose une univocité et une unicité de valueurs, s’oppose à l’idée même de démocratie. Le modèle participatif se montre incapable de prendre en compte la différence, c’est à dire la nouveauté. Par là elle est une forme figée qui disconvient à la vocation plastique et dynamique de la démocratie qui se caractéristique par la création de valeurs nouvelles et de la reconnaissance du différent. A mon sens on ne peut qu’être en total désaccord avec Rousseau.

Le modèle représentatif :
Selon le modèle représentatif, modèle le plus souvent convoqué lorsqu’on parle de démocratie, le peuple est souverain mais ne peut exercer lui-même cette souveraineté. Ce modèle à pris plusieurs formes dans l’histoire. Dans l’ancien régime, la représentation est plurielle. Il y a autant de représentant qu’il y a de corps de métiers. Le régime actuel est passé à une seule instance représentative : l’assemblée nationale.
Dans l’ancien régime le mandat juridique était impératif c’est à dire que le représentant n’a pas la souveraineté, il représente le groupe qui l’envoie. Hobbes à trés bien pensé ce modèle sous la forme de la dialectique de l’auteur et de l’acteur. Le peuple est l’auteur de ce dont le souverain est l’acteur.
Dans le régime moderne le mandat juridique sera représentatif. Le représentant n’a de comptes à rendre à aucun de ses électeurs. Il est libre par rapport à ceux qui l’ont désigné.
Le modèle représentatif correspond à l’idée de République. C’est le modèle développé par Hobbes. Mais un tel modèle ne peut ici encore correspondre à l’idée de Démocratie.

Le modèle délibératif :
La démocratie délibérative constitue en quelque sorte le modèle intermédiaire entre l’idéal rousseauiste et le pragmatisme hobbessien qui manquent tous deux l’idée de démocratie.

A SUIVRE