Par ouï-dire ou par imagination, la vie est bien plus effrayante qu’elle ne l’est en réalité et par expérience. C’est pourquoi les politiques et les médias comme les prophètes en leur temps dispensent des signes destinés à l’imagination pour nous faire obéir, diminuant ainsi notre capacité de réflexion, notre capacité d’action et notre joie. Dès lors tel un petit enfant dans les querelles de cours d’école -plus fort jusqu’à l’infini- nous n’agissons plus que par réaction, répondant à la terreur que par la volonté de la terreur, la volonté de l’anéantissement infini.

Il ne faut pas croire que le monde est cet objet de l’imagination, une donnée toujours déjà-là comme un ordre établi à l’injonction du quel nous devons nous soumettre. Le monde c’est ce qui ne cesse de se faire, sans cesse à actualiser, qui nous enjoint d’inventer de nouvelles formes d’existence qui ne peuvent être que des formes de coexistences, de nouveaux rapport de composition à l’autre, afin d’entrer dans le monde comme on entre dans la danse. On s’y jette avec désir, désir de vivre, désir de l’autre, désir d’amour, bref désirs de composition ; afin d’advenir –ainsi composé de l’altérité- à l’amour de soi. Danseurs ou surfeurs cosmiques, nous avons tous la capacité de nous rapporter au rythme du monde afin d’y composer notre propre mélodie. Nous avons la capacité d’affirmer plus que de nier, d’aimer plus que de haïr, de composer plus que de décomposer, bref de vouloir la puissance plus que le pouvoir. Le pouvoir étant le plus bas degré de la puissance, consistant à diminuer la puissance des autres, les séparer de ce qu’ils peuvent. Le pouvoir est l’affaire des hommes faibles et tristes qui veulent une humanité à leur image, faible et triste. La puissance véritable consiste au contraire à devenir soi-même par la composition de ses propres rapports avec les rapports du monde afin d’accroitre sa capacité d’action, sa liberté et sa joie, bref à s’affirmer dans l’affirmation du monde.