Le bien conditionne nécessairement toute action. Est-ce que celui qui veut tuer tout le monde, veut le meutre comme un mal ? Non. Celui qui veut tuer tout le monde, veut le bien dans son action. Il veut ce qui va lui faire du bien et non ce qui va lui faire du mal. Nul ne veut le mal volontairement. Le mal n’est qu’une erreur de jugement. C’est à dire faire le mal alors que c’est le bien que l’on veut. Le bien, c’est à dire le bonheur. On fait le mal en visant notre bien, autrement dit le bonheur. Mais c’est une erreur, involontaire. C’est pourquoi les stoïciens et les epicuriens -bien que de manière différente- liaient analytiquement la vertu et le bonheur. Pour les stoïciens, l’action bonne menait au bonheur, pour les épicuriens, c’est le bonheur qui menait à la vertu.
Ainsi bonheur et vertu analytiquement liés, nous ne pouvons qu’être vertueux, dans la mesure où la mauvaise action, nous détruira.
Or Sade avant Kant, montrera que le bonheur n’est pas analytiquement lié à la vertu. Si la vertu ne nous mènera pas nécessairement au bonheur, le bonheur ne nous rendra pas plus vertueux. La morale doit être fondée sur autre chose que le bonheur. Il n’y a aucune corrélation nécessaire entre bonheur et vertu. Justine ou les malheurs de la vertu, Juliette ou les prospérités du vice le montrent assez bien. Kant conditionnera l’action morale sur autre chose que le bonheur. La volonté se veut elle-même, c’est le signe qu’elle est libre. Mais se sera aussi le signe du destin tragique de l’humanité. Rien ne peut me garantir le bonheur autrement que sous la forme du "règne des fins". Sans doute y a-t-il une certaine corrélation entre Oedipe et l’homme moral kantien : le séparé des Dieux.