Il est vrai qu’il peut sembler absurde de parler d’un au-delà de l’infini dans la mesure où il est lui-même au-delà de tout, au-delà de toute quantité assignable. Dans le petit comme dans le grand, l’infini est au-delà de toute être et de toute pensée.
Or ici comme ailleurs, ce qui heurte le plus la logique est aussi ce qui donne le plus à penser. Il s’agirait alors avec Kant des phénomènes du beau et du sublime, pour lesquels l’intuition excède le concept, ne pouvant se laisser déterminer dans une connaissance. Pour autant ce qui ne peut être déterminé par le concept en un objet de connaissance, est réflechi dans l’imagination afin d’ouvrir la pensée au-delà de la connaissance logique par concept.
Alors contre le rationnalisme parfois un peu étroit, il est possible de se demander avec Merleau-Ponty, qui de la science ou de la poésie peut nous éclairer le plus sur les choses ? Est-ce que la longueur d’onde du bleu parfaitement maniable pour la science m’en dit plus sur la nature du bleu que ce bleu de la mer dont parle Claudel, "un bleu si bleu qu’il n’y a que le rouge du sang qui soit plus bleu encore" ?
En excitant l’imagination sans nous livrer de connaissance, l’art seul est en mesure de dire ce qui ne peut être dit, un au-delà de l’infini.