A-topie du pouvoir :

Selon Foucault il s’agit d’abandonner l’idée que 1) le pouvoir est quelque chose qui se possède, 2) qu’il est localisable dans des appareils d’état selon l’adéquation entre forme du pouvoir et structure politique, 3) que le pouvoir est une manière de maintenir et de reprodiure un mode de production, 4) que le pouvoir ne peut jamais produire dans l’ordre de la connaissance que des effets idéologiques.

Le pouvoir ne se possède pas, il s’exerce dans toute l’épaisseur et sur toute la surface du champ social : rapport sexuel, famille, travail... Le pouvoir est partout. Partout il passe et s’exerce. S’il ne se possède pas c’est qu’il se joue et se risque constamment. Il n’y a pas d’un côté ceux qui ont le pouvoir et d’un autre ceux sur qui il s’exerce. Il se risque quand il s’exerce. Par conséquent, il n’a ni forme assignable, ni lieu d’assignation.
L’appareil d’état ne peut donc être en aucun cas le lieu du pouvoir, ni a fortiori les lieux dans lesquels il s’incarne : Bastille, Sorbonne... Ce n’est jamais le pouvoir que l’on renverse lorsqu’on renverse un appareil d’état par la prise de ses lieux symboliques. L’appareil d’état n’est au plus que l’instrument d’un système de pouvoir qui le déborde largement. Et ni son contrôle ni sa destruction ne peuvent prétendre à transformer ou à faire disparaître le pouvoir.

Pouvoir et production :
L’idée de pouvoir est corrélative à l’idée d’un certain mode de production. Le pouvoir est en fait un des éléments constituant du mode de production. Les fonctionnements des instruments de séquestration comme autant d’instruments du pouvoir (usines, écoles, prisons, asiles...) sont constitutifs d’un certain mode de production au-delà d’en être son moyen et sa garantie. La séquestration a pour but l’assujettissement du temps au temps de la production. Le temps de l’individu est mesuré sur le rythme de la mécanique productive. La société industrielle intègrera le temps des individus à l’appareil de production sous l’espèce de "force de travail". En mécanique, le travail d’un force se mesure en fonction de la durée sous laquelle s’exerce une force donnée.
Le temps de la vie des individus est objectivé sous la forme du produit : "force developpée" par "temps passé à l’usine". Ainsi constitué en objet, le temps de la vie des individus devient monnayable ; "le temps c’est de l’argent" n’est en aucun cas un vain proverbe symbolique, mais bien plutôt un proverbe terrifiant.
Sans doute, originellement la vie et le temps des individus ne sont pas par nature travail. Ils sont plaisir, fête, discontinuité, énergie explosive que le capital doit transformer en une force de travail continue et contolable.

Cette transformation est rendue possible par la séquestration inspirée par l’enferment des pauvres au 17 et 18ème siècles, consistant en une manière de fixer ceux qui par l’oisiveté échappaient aux fixations géographiques aux travers desquelles s’opéraient l’exercice de la souveraineté.

Pouvoir et savoir :
L’exercice du pouvoir dépasse le cadre de l’alternative violence ou idéologie selon laquelle si l’exercice du pouvoir n’est pas coercitif alors il est idéologique, et s’il n’est pas idéologique alors il est coercitif. Tout point d’exercice du pouvoir est un lieu de formation de savoir. Tout savoir établi assure l’exercice du pouvoir. (A SUIVRE)