Dans son acception la plus générale, la politique peut-être définie comme agencement de forces mises en présence s’exprimant sous un certain rapport. Mais si on veut spécifier la politique, il faut la rapporter à ce dont elle se distingue : le hasard. Politique et hasard sont deux principes de mise en rapport de forces en présence, deux formes d’agencement. Le hasard est la politique d’un état de nature, la politique l’agencement ordonné selon une certaine résultante voulue.

Il est alors possible de distinguer deux sens dans ce que nous déterminons comme "politique". La politique peut être vue soit comme une forme de coercition qui détermine de l’extérieur la résultante des forces mises en présence tout comme le lit de la rivière détermine son cours, soit comme une activité immanente aux forces en présence, un art de l’agencement qui génère des formes réelles à partir de la virtualité de ses forces. D’une part la politique est issue d’une genèse statique, d’une création ex-nihilo, œuvre du législateur, d’autre part elle est issue d’une genèse dynamique qui est à la fois violente et historiale. D’une part elle est République –institutionnelle et formelle- d’autre part elle est Démocratie –plastique et créatrice. Ces deux tendances doivent être réunies dans la réalité du politique. Or la figure de la démocratie instantiée dans la société civile tend à disparaître dans la politique telle qu’elle est aujourd’hui exercée. C’est ce que je tente(rai) de montrer dans « Vers la guerre civile ? »

Cependant dans les deux cas la politique peut être déterminée comme un art en tant qu’elle est activité transcendante ou activité immanente consistant à produire des formes. Ces formes se sédimentent dans la législation et les institutions.