Que la science parvienne à produire de l’électricité en manipulant l’atome, ça ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse c’est le parti pris sur les choses que la science prétend expliquer. Ce parti pris est ce que Heidegger appelle l’arraisonnement de la chose et à ce titre la psychanalyse participe du même procédé que la science. C’est un procédé éminemment politique en tant que prise de pouvoir sur la chose qui vise à une certaine régulation de l’ordre. Ce procédé fonctionne sur la séparation du sujet de lui-même grâce à l’inconscient qui est supposé être plus moi que moi. L’inconscient peut alors jouer comme objet de science sur les opérations duquel la psychanalyse arraisonne le sujet. De la même manière Socrate disait en gros : "attention les gars, vous ne savez pas ce que vous croyez savoir, vous n’êtes pas ce que vous croyez être. Moi je sais que je ne sais pas, et ensemble essayons de savoir." Alors on invente des mythes, on invente un autre monde, celui des idées. Et puis on invente l’âme. J’ai l’impression que ça pourrait fonctionner pareil dans la psychanalyse. Et on s’accorde tous à dire que le monde fonctionne selon les instances régulatrices qu’ensemble nous avons mis en place : l’âme, le corps, le bien ; le moi, le ça, le surmoi. Et dans cette perspective on peut dire que la psychanalyse incorpore des présupposés implicites qui sont les même que ceux de la philosophie : la morale, la normalité, l’ordre... A cela je voudrais essayer de penser un inconscient d’origine philosophique (Leibniz) qui repose sur la notion de puissance qui fait éclater tous les présupposés implicites.