Que la science parvienne à produire de l’électricité en manipulant l’atome, ça ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse c’est le parti pris sur les choses que la science prétend expliquer. Ce parti pris est ce que Heidegger appelle l’arraisonnement de la chose et à ce titre la psychanalyse participe du même procédé que la science. C’est un procédé éminemment politique en tant que prise de pouvoir sur la chose qui vise à une certaine régulation de l’ordre. Ce procédé fonctionne sur la séparation du sujet de lui-même grâce à l’inconscient qui est supposé être plus moi que moi. L’inconscient peut alors jouer comme objet de science sur les opérations duquel la psychanalyse arraisonne le sujet. De la même manière Socrate disait en gros : "attention les gars, vous ne savez pas ce que vous croyez savoir, vous n’êtes pas ce que vous croyez être. Moi je sais que je ne sais pas, et ensemble essayons de savoir." Alors on invente des mythes, on invente un autre monde, celui des idées. Et puis on invente l’âme. J’ai l’impression que ça pourrait fonctionner pareil dans la psychanalyse. Et on s’accorde tous à dire que le monde fonctionne selon les instances régulatrices qu’ensemble nous avons mis en place : l’âme, le corps, le bien ; le moi, le ça, le surmoi. Et dans cette perspective on peut dire que la psychanalyse incorpore des présupposés implicites qui sont les même que ceux de la philosophie : la morale, la normalité, l’ordre... A cela je voudrais essayer de penser un inconscient d’origine philosophique (Leibniz) qui repose sur la notion de puissance qui fait éclater tous les présupposés implicites.
13 commentaires
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Tout d'abord, je souhaiterais que tu expliques le choix du nom de ton blog. Où voulait dire quoi comment, consciemment ou inconsciemment ?
Ensuite, je m'interroge sur le mythe : je n'y connais pas grand chose, alors intuitivement, je me dis qu'il pré-existe à l'homme, qu'il se fait dans ce passage du bipède bavant au bipède s'essuyant le menton.
Enfin, j'aime bien ton blog, on va se creuser les trous de la cervelle. Par contre, fais gaffe au jargon. Tout n'est pas bon dans le jargon ...
Disons que le mythe est une image dynamique de la réalité. Il consiste à se raconter des histoires à propos de ce qu'on ne comprend pas pour le comprendre à partir du mythe.
Pour le titre du site, on appelle usine à gaz les gros vieux ordi, qui prenaient toute une pièce pour réaliser des opérations minimes par rapport aux moyens mis en oeuvre. En gros c'est faire beaucoup de bruit pour pas grand chose. Et puis j'aime bien ce terme l'usine à gaz.
Ca m'évoque deux choses : les vieilles voitures pourries, et les chambres à gaz. Brrr ...
C'est un peu fort. Mais je prends sur moi ces deux évocations.
Tu n'as pas à prendre sur toi, c'est en moi cette affaire.
en moa aussi
Sur l'inconscient, puisqu'il en est question de par le titre de ton billet, rappelons-nous que nous passons la moitié de notre vie (un peu moins quand même) à être décentré, en rêve, en relation avec un monde d'images à subir.
Cette série de billets est en cours. Il y est question de l'inconscient plus que dans le titre, non ? La critique porte sur l'inconscient comme objet de domination des individus par des instances d'autorité : la science instituée en organe du pouvoir. Donc en vérité je ne remets pas en cause l'inconscient en tant que tel mais la façon dont il est psychanalysé chez Freud, pour essayer d'en penser un autre, bien sur inspiré de Deleuze, lui même inspiré de toute une tradition. Plus largement cette critique de l'inconscient doit porter sur la régulation de la science, de la médecine, de la normalité.
Au fond nous ne sommes jamais décentré que dans la mesure où nous sommes d'abord centré. Mais où est le centre ?
Dans mon cul ! Oups, pardon ...
Il fallait bien un pétage de plombs, une descente d'organe (du cerveau au ...) dans cet océan de réflexion.
Mais le duo Jean/Cyrille est-il le nouveau dialogue platonicien?
"Du cerveau au ..." il n'y a pas de différence de nature, ça reste une production du corps, de la pensée et du caca. Et le petit René c'est d'abord reconnu dans son propre caca, avant d'affirmer l'identité universelle du Je cartésien et de la pensée, "je pense donc je suis".
Mais lorsque face à la viande, le chien la bouffe, l'humanité la nomme, et c'est d'une toute autre manière de digérer dont il s'agit alors.
Balivernes. Ceux qui n'ont pas le temps de la nommer la mange, point final. Seuls ceux qui la mettent à toutes les sauces la nomment de tous les noms d'oiseaux.
Non, non, non, pas si simple. La pensée ne concerne pas d'abord et exclusivement -disons en gros- le bourgeois qui a le ventre bien plein de la variété des noms qu'il donne à la variété des mets. Nommer c'est aussi chasser, c'est aussi cuire, c'est aussi FAIRE DU FEU. Etre homme c'est en un mot être plus que nature.